Carole Fromenty : quand le passé fascine le bel aujoud”hui. Entretien avec l’artiste

Montage, chinage, remodelage, déplacement créent dans l’œuvre de Carole Fromenty l’invention d’une « visualité » particulière. Et soudain, ce que Beckett nomma la « choséité de l’art » ne s’adresse pas seulement à la curiosité du visible, au plaisir de l’être mais à son désir de comprendre ce qui est de l’absence ou du manque. Les fonds de couleurs monochromes, les effets de fracture créent à la fois un équilibre et un déséquilibre au moment où voir n’est plus saisir ce qu’on voit mais ce qui a disparu — moins par jeu de nostalgie que  jeu de sérieux et drôle.
Une forme épurée mais kitsch et un temps dilué mais compassé apparaissent pour offrir au regardeur un état de sidération. Le passé se transforme et devient l’évidence lumineuse mais décalée d’un visage perdu et chargé du poids du temps. L’artiste offre le paradoxe d’images “mangées” pour que d’autres images surgissent. Elles jouent sur le virtuel et le réel, entre la condition littorale de l’image témoignage et l’illusion exaltée.